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Interview Rencontre

François Venin : «La guerre des prix entre les hôteliers affecte l’image de la destination»

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François Venin : «La guerre des prix entre les hôteliers affecte l’image de la destination» | business-magazine.mu

New Mauritius Hotels (NMH) ouvre un nouveau chapitre de son histoire avec des changements importants au niveau de la direction. Fraîchement nommé, le directeur commercial du groupe hôtelier énonce ses priorités en vue d’optimiser la croissance au sein de NMH.

BUSINESSMAG.Votre nomination au poste de directeur commercial de New Mauritius Hotels (NMH) s’inscrit dans le cadre de changements majeurs à la tête du groupe. Est-ce le début d’une nouvelle ère pour NMH ? 

Comme l’a déjà dit notre nouveau Chief Executive Officer (CEO), Gilbert Espitalier-Noël, des changements de cette nature sont une formidable occasion pour NMH de redynamiser ses énergies autour des valeurs fortes du groupe. À cet effet, nous initions un exercice pour mobiliser les 5 000 membres du groupe autour d’un ambitieux projet d’entreprise. Oui, c’est un nouveau chapitre de l’histoire de NMH qui s’ouvre après les belles pages écrites par Herbert Couacaud. Celui-ci, désormais à la retraite, a dirigé le groupe pendant plus de quatre décennies.

BUSINESSMAG. Quelles seront vos priorités dans un contexte où les marchés asiatiques prennent de plus en plus d’importance ?

S’il est vrai que NMH a beaucoup concentré ses efforts sur ses marchés historiques, à l’instar de l’Europe et de l’Afrique du Sud, nous travaillons activement pour accentuer notre présence et optimiser nos performances sur les marchés asiatiques.

Nous mettons de plus en plus l’accent sur le numérique et les outils de télécommunication modernes. Nous réaliserons les investissements nécessaires en ce sens y compris sur le plan des ressources humaines. L’objectif étant de devenir extrêmement performant sur les nouveaux outils et multiples canaux de vente offerts aujourd’hui par la technologie. 

BUSINESSMAG. Est-ce un moyen de compenser la baisse des arrivées touristiques en provenance de l’Europe ?

Vous savez, contrairement à une idée reçue, les arrivées touristiques en provenance de l’Europe ne sont pas en baisse. De janvier à juin, elles ont connu une hausse de 8,3 %.Toutefois, il ne fait aucun doute que les clientèles asiatiques représentent une fabuleuse opportunité pour Maurice, notamment en basse saison. Ainsi, nous trouverons en Asie une clientèle additionnelle de qualité qui nous aidera à porter les arrivées touristiques à des croissances annuelles de plus de 10 %.

BUSINESSMAG.  Les recettes touristiques ne reflètent malheureusement pas cette tendance à la hausse dont vous faites mention. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

Dans nos hôtels, nous n’observons pas cette inadéquation entre le nombre de clients et les recettes, hormis la parité euro-roupie défavorable à hauteur de 5 % en moyenne. Je rappelle cependant que plus de 40 % des touristes ne séjournent pas dans les hôtels, mais plutôt dans les établissements du secteur dit «informel». Je ne pense pas que les dépenses effectuées par ces touristes puissent être mesurées de manière précise par le bureau des statistiques. Il en va de même pour la clientèle des hôtels qui fait des achats et d’autres dépenses à l’extérieur de ceux-ci.

En fait, je dois vous avouer que j’ai toujours eu du mal à comprendre comment on pouvait mesurer précisément les recettes touristiques d’un pays, hors celles comptabilisées par les hôtels. 

BUSINESSMAG. Quelles sont les conséquences de l’inadéquation entre le nombre de chambres disponibles dans le circuit touristique mauricien et la demande effective ?

Il ne fait aucun doute qu’il y a un excédent de chambres disponibles, si on prend en considération celles des développements Integrated Resort Scheme (IRS) et Real Estate Scheme (RES) ainsi que celles des maisons d’hôtes. Cette inadéquation a résulté en une guerre des prix entre les hôteliers qui affecte la solidité financière des opérateurs de même que l’image de la destination.

BUSINESSMAG. Nous sommes actuellement en pleine basse saison touristique. Quelle est votre stratégie pour maintenir la tête hors de l’eau ? 

Au cours de la présente basse saison, seul le mois de juin a été difficile pour NMH. En effet, grâce à la volonté du ministère du Tourisme, à une bonne collaboration entre les hôteliers, aux efforts de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) et d’Air Mauritius, nous avons réalisé de meilleures performances cette année, surtout pour le mois de juillet. À travers les événements golfiques, le trail et le kitesurf, NMH innove constamment afin d’offrir un produit diversifié en basse saison. Nous allons continuer d’innover en ce sens pour faire venir encore plus de monde à cette période de l’année.

BUSINESSMAG. Quel est votre avis sur les offres «all inclusive», très prisées par les Mauriciens mais aussi très critiquées ? 

Mon avis sur ce sujet est très clair : je pense que c’est un faux problème et un mauvais procès intenté depuis des années aux hôteliers. Pour résumer, je rappelle que 80 % des hôtels à Maurice proposent la formule «chambre et petit déjeuner». Le client peut ensuite opter pour différentes formules : la demi-pension, le «full board» ou, dans certains hôtels, le «all inclusive».

Par ailleurs, comme je l’ai dit plus haut, 40 % des touristes ne séjournent pas dans les hôtels ; ils ne sont donc pas en «all inclusive». Nous observons en outre que les clients de nos hôtels qui choisissent la formule «chambre et petit déjeuner» sont ceux qui disposent en général du budget le moins élevé.

BUSINESSMAG. Qui sont vos concurrents à l’heure actuelle ? 

Il y a deux catégories de concurrents. D’une part, à Maurice, il y a les opérateurs hôteliers ainsi que ceux qui opèrent les villas IRS-RES et les autres résidences pour touristes. D’autre part, NMH et tous ces opérateurs à Maurice sont en concurrence avec le monde entier. Pour faire face à cette deuxième concurrence, il faut que le pays dans son ensemble fasse bloc afin de viser l’excellence à tous les niveaux : accueil, infrastructure, environnement, offreculturelle et facilités de loisirs.

BUSINESSMAG. De quel œil voyez-vous le concept des Iles Vanille qui a pour but de mieux vendre les destinations indianocéaniques, notamment au moyen de packages régionaux ?                 

C’est une excellente initiative qui profite à tous les pays de la région et qui ne peut qu’aider à accentuer la visibilité de nos îles par rapport à l’immensité de l’offre internationale.  

BUSINESSMAG.  Il est question de mettre au point un système de rating pour les hôtels. Vos commentaires ?

Le ministère du Tourisme, l’Office du Tourisme et la Mauritius Tourism Authority ont impliqué les hôteliers depuis le début dans le processus de prise de décision concernant l’instauration d’un système de rating pour les hôtels. Nous pensons que le fait d’établir des standards au niveau national ne peut qu’être une initiative positive qui aura pour effet d’améliorer la qualité des services. Cependant, il faut savoir que les hôtels de l’île sont vendus à 70 % par des tour-opérateurs qui, eux-mêmes, depuis toujours, ont leur propre système de rating, sans que l’hôtelier n’ait, en fait, eu son mot à dire. Quand on ajoute à cela l’influence grandissante des médias sociaux et des sites tels que Trip Advisor, je dirais que personne ne peut mentir au client aujourd’hui car, en fin de compte, celui-ci dispose de plus en plus d’outils pour connaître la qualité d’un produit ou d’une destination.

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