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L’importance de l’Organisation mondiale du commerce pour l’Afrique

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L’importance de l’Organisation mondiale  du commerce pour l’Afrique | business-magazine.mu

En Afrique, nous sommes témoins de nombreux événements encourageants et prometteurs : nous sommes devant une décennie de croissance économique soutenue par des réformes économiques ainsi que devant des efforts d’intégration régionale.

Au moment où la croissance du commerce mondial accusait une baisse abrupte en 2012, l’Afrique était la seule région dont la croissance était à deux chiffres la même année en ce qui concerne les exportations et les importations.

Même s’il a toujours joué un rôle pour faire de l’Afrique l’une des régions à la croissance économique la plus rapide de toutes les régions du monde, le commerce devrait devenir un outil encore plus puissant afin de consolider la prospérité du continent, et particulièrement, dans ses pays « les moins développés ». L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est essentielle dans la réalisation de cette tâche. La croissance soutenue menée par les exportations, dont ces pays jouissent depuis peu de temps, pourrait être remise en question si les pays africains ne disposent pas non seulement de marchés ouverts régulés pour leurs produits, mais non plus de l’assistance technique nécessaire à la croissance continue de leurs exportations.

L’OMC est l’une des organisations internationales les plus utiles, notamment pour la surveillance du commerce et pour sa fonction de contrôle, ainsi que pour le règlement des différends commerciaux. Malheureusement, l’impasse prolongée du cycle de Doha menace la crédibilité de l’organisation.

Les négociations de l’Agenda de Doha pour le développement auraient dû fournir un élan significatif à la croissance économique et au développement de l’Afrique en ouvrant les marchés mondiaux aux produits et aux services intéressants pour les exportations des pays africains. Étant donné la situation actuelle de son pilier de négociation, l’OMC se heurte à trois principaux défis auxquels il faut faire face :

lLes changements rapides dans la façon dont les affaires se déroulent dans le monde depuis que l’OMC a été créée il y a presque 20 ans.

lL’apparition de mesures protectionnistes de plus en plus sophistiquées appliquées par certains grands pays en développement.

lLe réseau étendu d’initiatives commerciales bilatérales et régionales, et notamment les deux méga accords commerciaux imminents : le Partenariat transpacifique et le Partenariat transatlantique pour le commerce et les investissements.

Ces défis indiquent le besoin urgent de relancer pleinement les négociations en suspens à l’OMC sur l’élaboration de règles et l’accès au marché. Un système commercial sain, fort, prévisible et ouvert est important pour tous les membres, mais particulièrement pour les pays africains et, plus encore, pour ces pays les moins développés.

L’OMC doit accomplir l’Agenda pour le développement de Doha. Si nous ne nous y tenons pas, un très important groupe de pays membres pourrait en arriver à se détourner de l’énergie et des efforts visant à définir ce qui doit être fait pour que l’OMC reste utile, compétitive et vitale devant l’extraordinaire augmentation des accords commerciaux actuellement en cours de négociation.

Dans ces accords régionaux, la libéralisation du marché pour les biens et les services pour lesquels les pays en développement, et surtout où les petits pays et les pays les moins développés sont compétitifs, n’aura  simplement pas lieu, du moins sur la base de la nation la plus favorisée (NPF). La seule façon que cela se produise, serait grâce à la conclusion heureuse du cycle de Doha ! Et une conclusion heureuse du cycle de Doha implique que tous les pays membres y contribuent ; mais ceux qui ont  bénéficié le plus du commerce et du système commercial multilatéral – les grandes économies développées et en développement – devraient contribuer plus encore que les autres membres.

Les pays africains sont parmi les grands perdants de l’impasse du cycle de Doha. C’est pour cette raison qu’en ma qualité de directeur général, j’accorderai la plus haute priorité à la relance, le plus rapidement possible, de ces négociations afin d’arriver à une issue favorable de Doha dans une approche en deux temps.

La première étape dans la poursuite de cet objectif est Bali. La neuvième conférence ministérielle de l’OMC est une splendide opportunité pour le nouveau Directeur général d’aider les membres à établir les bases solides des progrès futurs de l’Agenda de Doha pour le développement. Il faut absolument qu’un ensemble de résultats rapides soient obtenus dans lesquels les intérêts des pays africains, et notamment de ceux qui sont les moins développés soient prioritaires.

Aucun doute n’est permis sur l’importance de traiter à Bali les questions liées au développement et aux pays les moins développés. Les membres devraient tout faire pour se mettre d’accord sur :

lUn mécanisme de contrôle pour le traitement spécial et différencié, visant à rendre ces dispositions plus précises, plus efficaces et plus opérationnelles.

lLes « Décisions de Cancun » ; ces propositions ont été adoptées ad referendumà Cancun en 2003. Il s’agit bien là d’un excellent exemple du déficit en matière de résultats pour l’Afrique. Les membres doivent veiller à ce que les Décisions de Cancun soient finalement adoptées à Bali, telles qu’elles ont été amendées lorsqu’elles ont été considérées comme obsolètes en raison de l’implacable passage du temps depuis la réunion de Cancun il y a déjà dix ans.

lUn accord sur la facilitation des échanges commerciaux serait un excellent résultat de la Conférence ministérielle. Il y aura lieu aussi d’inclure des dispositions appropriées sur l’assistance technique et le développement de capacités. Un accord équilibré permettrait d’encourager l’aide au commerce et aux efforts de financement commercial.

lLe fait de donner un contenu à la dispense pour les services des pays les moins développés par le biais d’un traitement préférentiel pour ces pays.

lBali devra aussi produire des résultats dans certains domaines de l’agriculture, essentiels pour les pays en développement.

Il existe un besoin urgent de préserver la crédibilité de l’OMC, en tant qu’espace privilégié pour les négociations entre ses membres, et de restaurer la grandeur de l’organisation. C’est pour cela que Bali doit fournir des résultats concrets et parvenir à un engagement clair et à accomplir substantiellement le cycle de Doha le plus tôt possible.

La deuxième étape consiste à examiner les questions de Doha, particulièrement celles considérées cruciales pour les pays d’Afrique. À cet égard :

lLa priorité doit être accordée aux questions portant sur l’accès au marché, qui intéressent les pays africains et les pays les moins avancés. La mise en œuvre complète des engagements politiques pris à Hong Kong sur l’accès au marché libre de droits et de quotas des produits en provenance des pays les moins développés, y compris des engagements par les pays en développement qui sont aussi obligés à le faire.

lUne solution efficace et durable doit absolument être trouvée au problème des subventions du coton qui portent préjudice à de nombreux producteurs africains.

lLe système commercial multilatéral a un rôle essentiel à jouer dans la défense des intérêts et la consolidation des processus de développement des économies africaines. Il est essentiel de poursuivre un effort de consultation et d’inclusion de ces pays dans les négociations de l’OMC et dans les processus de prise de décision, afin d’atteindre l’objectif de leur garantir une part du commerce international qui soit proportionnelle aux besoins de leur développement économique.

Si l’on tient compte du fait que l’OMC n’est pas simplement importante pour le commerce mondial, et qu’il est absolument crucial de renforcer la coopération entre les pays et, par là même, de préserver la paix mondiale, en ma qualité de Directeur général, j’assumerai l’énorme responsabilité d’aider les pays membres à franchir ces deux étapes ainsi qu’à amorcer l’indispensable processus de modernisation de l’organisation, ayant conscience des bénéfices pour tous ses membres, et tout particulièrement pour les plus petits et les moins développés des pays d’Afrique.

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