Azad Dhomun Le banquier diplomate

Banquier de profession et ambassadeur itinérant pour l’Afrique, Azad Dhomun a eu un brillant parcours académique et professionnel. Rencontre avec un diplomate qui a apporté sa contribution au secteur bancaire.

Un regard vif, un sens aigu de la responsabilité et un talent de communicateur. Azad Dhomun, né à Trou-d’Eau-Douce le 17 juillet 1945, est un homme pratique. Il a débuté sa scolarité au sein de l’école primaire de Trou-d’Eau-Douce avant d’entamer ses études secondaires au collège Royal de Port- Louis. A cette époque, il avait un rêve, celui d’entreprendre des études supérieures en médecine. Mais le destin en a décidé autrement. « Mon père est tombé malade et je ne pouvais pas me permettre de quitter Maurice car je suis l’aîné de la famille », confie-t-il.

En septembre 1964, alors qu’il n’a que 19 ans, Azad Dhomun participe à l’implantation d’Habib Bank Limited à Maurice. Quatre ans plus tard, il entame des études universitaires pour parfaire ses connaissances dans le domaine bancaire. Il obtient un Diploma in Banking de l’université de Maurice puis se voit offrir une bourse du Commonwealth pour intégrer le Bankers Staff College de Karachi au Pakistan, d’où il sortira avec un Certificate in Banking.

Toujours tenaillé par cette irrépressible envie d’aller plus loin, Azad Dhomun intègre l’Africa Centre For Financial Assistance to African Countries en Italie et en sort avec un Diploma in Advanced Banking. En 1978, Habib Bank AG Zurich démarre ses activités sur le sol mauricien, une initiative à mettre au compte d’Azad Dhomun.

Son parcours académique brillant lui ouvre les portes de l’Afrique et il sera sollicité par plusieurs gouvernements étrangers pour ses compétences dans le secteur bancaire. « J’ai mis sur pied une banque au Zimbabwe et j’ai été sollicité par le Malawi pour fonder une banque islamique. Par la suite, j’ai mis le cap sur le Mozambique pour diriger une banque nationale, la Banco Mercantile de Investimentos S.A.R.L. J’ai ensuite posé, quelque temps, mes valises sur la Grande île pour créer une banque de micro-crédit. J’ai aussi parcouru l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, le Zanzibar, le Somaliland et le Congo », souligne Azad Dhomun.

Au Zimbabwe, Azad a endossé la fonction de directeur exécutif de la Metropolitan Bank of Zimbabwe. Il a également été le Chief Executive de Greenland Bank (Tanzania) Ltd. « J’ai également été sollicité par la République Démocratique du Congo où j’ai occupé les fonctions de directeur régional d’une banque. Je suis actuellement en train de mettre en place une banque commerciale au Gabon, La Banque Internationale de l’Equateur. Celle-ci ouvrira bientôt ses portes. »

Mais en dehors de son métier de banquier, Azad Dhomun est un passionné de politique. Il s’est d’ailleurs associé à Sir Gaëtan Duval. « Je l’ai connu jeune, dynamique, brillant, rempli d’énergie. Je me souviens que j’allais le regarder plaider les affaires en cour. Je prenais plaisir à écouter ses discours à l’assemblée nationale et lors de ses ‘meetings’. Par la suite, on s’est rapproché et j’étais devenu un de ses conseillers avant d’être nommé président de la Jeunesse Sociale-Démocrate », explique-t-il.

Sa carrière de diplomate a officiellement débuté en 1983, lorsqu’il est nommé ambassadeur itinérant de Maurice pour les pays du Golfe.

« Je suis actuellement en train de mettre en place une banque commerciale au Gabon. Celle-ci ouvrira bientôt ses portes »

Il a alors pour mission de créer de l’emploi pour quelque 90 000 Mauriciens au chômage ; environ 10 000 d’entre eux parviendront à trouver du travail dans les pays du Golfe. L’Etat lui a exprimé sa gratitude en l’élevant au rang de Grand Officer of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean (GOSK) pour sa grande contribution au secteur bancaire. Azad Dhomun a également été nommé Elected Fellow du Chartered Institute of Bankers de Londres en 1984.

Les connaissances d’Azad Dhomun en relations internationales l’ont également amené à être le conseiller spécial du Mozambique et cela à la demande du Premier ministre mozambicain, Joaquim Alberto Chissano, et de Pascoal Manuel Mocumbi, ministre des affaires étrangères.

« Quand je suis à Maurice, j’essaie de revoir les endroits où j’ai vécu, où j’ai passé les meilleurs moments de ma vie. J’adore la nature et cultiver mon jardin est un art que je prends énormément plaisir à pratiquer », dit-il. Azad Dhomun cultive tous les fruits qu’il a connu durant son enfance. « Mon seul regret, c’est mon échec à faire pousser des roses ! »

Derrière cet homme de nature se cache un fan de football - il gérait deux équipes de football à Troud’Eau- Douce – et un grand sentimental « qui déteste voir souffrir les gens. Quand j’étais au collège, j’avais écrit une nouvelle intitulée ‘Quand meurent les Roses’. Et pour cela, j’ai même obtenu un prix de la BBC. » Mordu de lecture, il adore les biographies des hommes politiques. « Je viens récemment de lire ‘Ma Vérité’ qui relate la chute de la Maison Ben Ali, un livre de Leïla Trabelsi, l’épouse de l’ancien président. »