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Services financiers : Un nouveau départ après la sortie de la liste noire en février 2022

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PIB

La commission européenne a reconnu les efforts de maurice en vue de combattre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Du coup, le pays ne figure plus sur sa nouvelle liste noire.

C’est officiel : Maurice sortira de la liste noire de l’Union européenne début février 2022. La décision a été officialisée à la suite d’une réunion de la Commission européenne qui a approuvé le retrait de cinq pays de la liste noire, à savoir, Maurice, les Bahamas, l’Irak, le Botswana et le Ghana. En revanche, neuf autres pays sont considérés comme des pays tiers à haut risque et seront inscrits sur la liste noire. Il s’agit de la Jordanie, du Burkina Faso, d’Haïti, des îles Caïmans, du Mali, du Maroc, des Philippines, du Sénégal et du Soudan. Selon le ministre des Services financiers, Mahen Seeruttun, la nouvelle liste des pays tiers à haut risque sera approuvée par le Conseil européen et le Parlement européen et sera publiée au plus tard début février prochain.

Tout a commencé en février 2020 lorsque le Groupe d’action financière (GAFI) plaçait Maurice sur sa liste grise, car celui-ci présentait cinq déficiences stratégiques dans son mécanisme de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Huit mois plus tard, le pays était fiché sur la liste noire de l’Union européenne. Par la suite, les autorités initiaient une série de réformes pour appliquer le plan d’action du GAFI et démontrer leur volonté de combattre les pratiques fiscales dommageables. Le 21 octobre dernier, le GAFI enlevait Maurice de sa liste. De là, la sortie de la liste noire n’était qu’une question de formalité administrative. La sortie prochaine de la juridiction mauricienne de la liste noire est un vrai bol d’oxygène pour les opérateurs du global business. Jusqu’ici, le secteur s’est montré résilient, mais il y a eu une baisse notable des activités transfrontalières, notamment en raison des procédures de diligence raisonnable fastidieuses pour les opérations bancaires.

Revenant sur les deux événements, Amit Bakhirta, CEO d’Anneau, souligne que l’inclusion de Maurice sur ces listes a poussé les opérateurs à changer leur fusil d’épaule afin de renforcer le secteur. «Nous avons observé une diligence raisonnablement renforcée de la part de nos relations de correspondant bancaire et d’autres fournisseurs de services financiers ; y compris les régulateurs d’autres juridictions correspondantes», soutient-il. Avant de souligner que d’autres impacts notables ont eu davantage un effet négatif sur l’économie nationale, tels que la diminution des flux d’investissement administrés ou domiciliés à Maurice, l’arrêt de la structuration de nouveaux fonds américains/européens ou encore des ramifications sur d’autres juridictions qui lorgnaient le pays pour la structuration des services financiers. In fine, cela a, selon lui, contribué au ralentissement organique qu’a connu le secteur en 2020/21.

Un avis que partage qu’à moitié Shahed Hoolash, Managing Director de Vistra. Pour cause, nonobstant le fait de reconnaître l’impact sur notre juridiction, notamment un ralentissement des transactions libellées en euros avec notre inclusion sur la liste de l’UE, il affirme que des investisseurs hors européens ont tout de même soutenu le secteur des services financiers local. «La plupart de nos autres investisseurs mondiaux ont continué à nous soutenir pendant cette période difficile, ce qui montre bien qu’ils ont confiance en notre capacité en tant que juridiction.»

En sus, Vikash Chummun, Managing Director de Sunibel Corporate Services, indique que Maurice a eu de la chance d’être inclus sur les deux listes parallèlement à l’éclatement de la crise de la Covid-19. Il fait ressortir que la crise sanitaire et économique a été une bénédiction déguisée pour l’île Maurice. Avec la pandémie, le niveau des transactions d’investissement et l’exercice de levée de fonds ont également diminué, donc, selon ses observations, les dommages ou l’impact ne sont pas aussi importants que prévu. Or, il ajoute tout de même que les entreprises européennes jouent un rôle prépondérant dans l’écosystème économique local et qu’il faudra travailler avec des organisations internationales pour les faire venir ou revenir vers Maurice.

Des impacts positifs déjà ressentis

Ainsi, la récente annonce de l’Union européenne de sortir Maurice sur sa liste noire est un soulagement. Toutefois, cela ne représentait qu’une modalité au vu des engagements qu’avait pris l’UE de sortir Maurice de sa liste, une fois que le pays serait conforme aux règlements du GAFI. D’ailleurs, comme le souligne justement François de Senneville, Partner à Head Africa Desk, l’on a déjà largement anticipé la sortie de Maurice de cette liste noire.

Pour cause, il observait un retour des investissements européens vers le pays depuis quelque temps déjà. «Dès la fin de l’année dernière, les opérateurs notaient un redémarrage de leurs activités et un rythme plus soutenu concernant les investissements étrangers à Maurice et les nouveaux projets. Cette tendance devrait se confirmer en 2022 mais attention de ne pas relâcher la pression.»

Pour Shahed Hoolash, cette conjoncture représente d’ailleurs une aubaine. Suivant la reprise économique mondiale, il affirme que Maurice a de belles cartes à jouer. Il met en exergue le fait qu’être présent sur ces listes aurait été difficile alors que le monde a commencé à voir la lumière au bout du tunnel avec la Covid-19 et que les marchés mondiaux rebondissent. Il ajoute qu’aujourd’hui, on peut se targuer que le contexte joue en notre faveur, notamment lorsque les investisseurs rechercheront une plateforme stable et durable pour investir.

La question est de savoir si nous devons nous attendre à ce que les performances des investissements transfrontaliers augmentent au premier trimestre de 2022 ? Trop tôt, concèdent les opérateurs. En effet, selon Vikash Chummun, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Il trouve un peu difficile pour le moment de dire que l’activité va revenir à la normale, surtout avec la nouvelle vague Omicron, qui a contraint certains pays à rétablir des restrictions de voyage. Il est d’avis que nous aurons une meilleure idée au cours du deuxième trimestre de 2022.

Un avis que partage Amit Bakhirta. Selon ses observations, il est indéniable que nous devrions nous attendre à davantage de flux de capitaux transfrontaliers vers et depuis notre juridiction financière. Par ailleurs, une atteinte à la réputation d’un pays met souvent du temps à s’user, d’où la nécessité d’une nouvelle campagne de communication efficace de notre image de marque de la part des décideurs politiques mais aussi de l’industrie. Il est donc primordial qu’au cours des 18 prochains mois, nous assurons à nos partenaires internationaux et juridictions que Maurice est sérieux et de bonne réputation.

Amit Bakhirta ajoute que Maurice devra aussi s’appuyer sur l’innovation et sa diplomatie afin de renforcer sa réputation et son agilité. Et de conclure : «Notre industrie a également besoin d’innovation et de nouvelles relations transfrontalières. Nos accords d’évitement de la double imposition (DTAA) avec les pays africains ont été en net déclin à un moment où l’Afrique est devenue notre principale stratégie offshore (loin de l’Inde) ; qui met en évidence un échec de notre stratégie africaine. À mon humble avis, ce n’est sûrement pas un problème car les échecs font partie intégrante de l’apprentissage, de l’innovation et du progrès ; quoique, tant que nous apprenons de ces échecs et y remédions.»

L’heure à la consolidation du secteur financier

Suivant sa sortie des listes du GAFI et de l’UE, Maurice doit maintenant s’appliquer à une perpétuelle mise à jour de son secteur financier. Selon Franoois de Senneville, les défis s’annoncent tumultueux. Les services des management companies sont encore très souvent trop chers pour des exercices de ´compliance’ et d’une qualité susceptible d’être substantiellement améliorée. Il explique que le client n’est plus disposé à payer ces services sans réelle valeur ajoutée aux tarifs généralement proposés aujourd’hui. L’avenir est donc dans la proactivité et la créativité. «Le client n’a jamais refusé de payer le prix pour des services de qualité. Aux opérateurs de méditer ce que cela pourrait signifier au niveau de leurs offres de service respectives. La consolidation dans ce secteur serait la bienvenue si elle permettait de relever ces défis.» Pour Amit Bakhirta, le secteur financier bancaire et non bancaire devra approfondir sa digitalisation. Il voit cette consolidation s’intensifier en 2022-23 mais voit aussi de nombreuses nouvelles entités se mettre en place. Notamment dans l’espace numérique comme la valorisation de ces nouveaux fonds dites Hi-Tech/AI/crypto/ digitaux qui nécessitent également de l’innovation et de nouveaux procédés et donc de l’espace pour la croissance de ce segment non bancaire. Il précise que la diversification des portefeuilles clients annonce aussi de belles perspectives. Les marchés africain et asiatique sont si vastes et attrayants qu’une consolidation au niveau national peut éventuellement se traduire par davantage de capacité d’exécution dans ces marchés respectifs.

 

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