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Changement climatique : Le sujet épineux de la compensation à l’agenda du «cop africain»

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Quoique contribuant faiblement aux émissions globales de gaz à effet de serre, les pays de l’hémisphère sud, dont Maurice, sont ceux qui sont les plus impactés par le changement climatique. Ils profitent de la plateforme qu’est la cop 27 pour faire pression sur les pays riches.

INITIALEMENT non prévue à l’agenda de la COP 27, qui se tient au 6 au 18 novembre en Égypte, la question des pertes et dommages en raison des impacts du dérèglement climatique a fait son chemin dans les thématiques de négociations. Toutefois, l’avancée sur la question demeure épineuse. Car les pays riches et industrialisés, à l’instar de la Chine, des États-Unis ou de l’Inde, qui sont historiquement les plus importants émetteurs de gaz à effet de serre (GES), sont frileux quand on parle de compensation ou de réparation.

AMANDINE HARDOWAR DE ROSNAY (HEAD OF SUSTAINABILITY AND INCLUSIVE GROWTH À BUSINESS MAURITIUS)

Mettant en œuvre l’article 8 de l’Accord de Paris, le Warsaw International Mechanism for Loss and Damage se décline en trois grands objectifs visant à aider les pays en développement qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes des changements climatiques. L’amélioration du soutien, notamment en matière de financement, de technologie et de renforcement des capacités, est l’un des objectifs de ce mécanisme international.

La mobilisation de $ 100 milliards annuellement par les pays développés pour les pays en développement devait être atteinte en 2020, mais cela n’a pas été le cas. Malgré la signature en masse de l’accord-climat en 1992, les émissions mondiales de GES ont augmenté d’environ 54 % ces 30 dernières années. Ainsi, la probabilité que ce mécanisme international réponde aux pertes et dommages des pays impactés demeure questionnable. La justice climatique et l’aggravation des désastres climatiques faisant loi, ces pays demandent à la COP 27 des réparations immédiates, et des réparations financières avant tout.

«La question du financement du climat par les pertes et dommages est pour la toute première fois à l’ordre du jour de la COP 27. Ainsi, même si cela n’a pas l’air d’être le cas pour Maurice, qui ressent déjà les impacts du changement climatique, l’inscription de cette question à l’ordre du jour est en fait une première victoire importante. Surtout si l’on considère que la question a été mise sur la table pour la première fois à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 1992. Il est donc peu probable qu’une conclusion complète soit décidée lors de cette COP. Pour cause: il s’agit d’un problème complexe, auquel s’opposent de nombreuses nations puissantes et influentes. Nous allons désormais voir dans quelle mesure nous pouvons progresser sur cette question, et dans quelle mesure nous sommes capables de diminuer cette résistance», constate Amandine Hardowar de Rosnay, Head of Sustainability and Inclusive Growth et Head of SUNREF technical Assistance à Business Mauritius.

Certains des pays industrialisés dont l’Autriche, le Danemark, l’Allemagne ou encore l’Écosse, ont signifié la semaine dernière leur intention de contribuer à un fonds dans cette optique. Pour Amandine Hardowar de Rosnay, ce que ces pays ont fait à ce stade demeure largement symbolique. Il s’agit davantage d’indiquer leur volonté politique que de résoudre toutes ces questions difficiles et pragmatiques.

«Les pays ont fait différentes propositions sur la forme que devrait prendre le fonds. Certains ont suggéré un mélange de plusieurs types de fonds, plutôt qu’un fonds central. L’Allemagne, par exemple, s’est engagée à financer une partie du mécanisme de financement du L&D, mais elle propose de le faire par le biais d’une assurance plutôt que par des paiements directs. Ainsi, même si la COP 27 aboutit à un accord, il faudra au moins deux ans avant que celui-ci ne soit prêt», explique-t-elle.

Sur la période 1960-2022, d’après les calculs effectués le Fonds monétaire international, à partir de la base de données des événements d’urgence (EM-DAT), Maurice a connu 22 événements météorologiques extrêmes, chacun causant des dommages socio-économiques d’un coût moyen de $ 160 millions à $ 245 millions (1,5 % à 2,3 % du PIB de l’exercice 2021-2022), rappelle Amandine Hardowar de Rosnay. Ce qui rappelle la vulnérabilité des États insulaires en développement comme Maurice. C’est la raison pour laquelle les pays insulaires, africains, de l’hémisphère Sud principalement, profitent de cette ‘COP africaine’ à Charm el-Cheikh, en Égypte, pour faire le plaidoyer pour plus de justice climatique. C’est le cas de l’Indianocéanie. Le secteur privé de la région, sous l’initiative de Cap Business OI, s’appuie sur cet événement pour faire un plaidoyer en faveur de l’Indianocéanie rendue plus vulnérable en raison des retombées économiques et non économiques du dérèglement climatique, et à laquelle elle ne contribue finalement que de manière infime à travers ces faibles émissions de GES.

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