Type to search

Édito

Testing times

Share
Testing times | business-magazine.mu

Alors que beaucoup prévoyaient une redéfinition du paysage politique local dans le sillage de la démission des membres du MSM du gouvernement et celle de sir Anerood Jugnauth de la présidence de la République, tel n’a pas été vraiment le cas. Bien sûr, il y a eu quelques secousses, mais les effets n’étaient pas suffisamment puissants pour faire flancher la fragile majorité gouvernementale.

Au contraire, à peine quatre mois après, Navin Ramgoolam a su habilement reprendre la main sur l’échiquier politique. Toutefois, ces deux événements semblent avoir marqué au fer rouge son troisième mandat à la tête du pays. Un troisième mandat, qu’il avait justement obtenu en 2010 grâce au soutien du MSM, mais qui se révèle comme étant l’un des plus éprouvants de la carrière du chef du gouvernement. A tel point qu’aujourd’hui bon nombre d’observateurs politiques n’hésitent pas à parler ouvertement d’un début de fin de règne. Acculé par de nombreux scandales, le gouvernement dirigé par Navin Ramgoolam traverse, actuellement, une zone de fortes turbulences qui a vu en l’espace de quelques jours la démission de son ministre de la Justice et d’un secrétaire parlementaire privé. Deux départs qui ne seront pas sans conséquence dans la présente conjoncture politique qui est aussi marquée par un retour au premier plan du leader du MMM, Paul Bérenger.

Déjà fragilisé par sa défaite aux dernières élections municipales et les crocs-en-jambe répétés entre partenaires de l’alliance, le gouvernement est mis à rude épreuve depuis le début de l’année. L’affaire Soornack, les inondations meurtrières qui ont fait plus d’une dizaine de victimes en mars dernier, l’accident fatal de Sorèze, l’affaire MITD, les radars routiers, les Ponzi Schemes et l’affaire Varma sont autant d’épines dans le pied du gouvernement. Faute de projets concrets pouvant relancer une dynamique de confiance, le pays se retrouve, aujourd’hui, dans une sinistrose.

La dégradation de l’environnement économique et le pessimisme ambiant qui règne au sein de la communauté des affaires n’est certainement pas pour arranger les choses. Fidèle à son habitude, Navin Ramgoolam pourrait essayer, une nouvelle fois, de jouer la montre. Mais en l’état actuel des choses, une telle démarche comportera des risques notamment celui de finir par convaincre la nation que le Premier ministre a perdu de son autorité – dont il se fait un plaisir de le rappeler à qui veut l’entendre à chaque fois que l’occasion se présente –, sur l’ensemble de son gouvernement. Etant donné les enjeux, il est peu probable que Navin Ramgoolam laisse une telle perception s’installer, voire s’étendre. D’autant plus que nous sommes à deux années de la fin de son mandat. Pour démontrer qu’il reste toujours le seul maître à bord, il lui reste donc ses prérogatives. Notre système de gouvernement confère au Premier ministre le privilège non seulement de nommer ou de révoquer ses ministres, mais aussi la décision d’appeler le pays aux urnes. Deux leviers d’autorité très importants que Navin Ramgoolam doit sérieusement contempler en ce moment. D’où, d’ailleurs, les informations selon lesquelles le Premier ministre est en train de concocter un énième remaniement ministériel.

La finalité d’un tel exercice serait de démontrer au pays que Navin Ramgoolam contrôle toujours le jeu malgré la situation peu envieuse dans laquelle se trouve son gouvernement. La question est de savoir quelle forme prendra ce jeu de chaise musicale s’il avait lieu. Car au vu de la situation, il est clair que la marge de manœuvre du Premier ministre est assez limitée pour ne pas dire qu’il marche sur les œufs en ce moment. D’une part, il y a les déclarations de certains élus de sa propre majorité qui estiment que le cabinet ministériel porte en son sein des « médiocres» et, de l’autre, des membres de ce même cabinet qui croient avoir déniché des ennemis dans le camp gouvernemental. Pour couronner le tout, il y a le PMSD qui n’arrête pas de clamer sa « différence ». Ce n’est certainement pas une redistribution des cartes au sein du cabinet actuel qui changera la perception sur le gouvernement. Cela le Dr Ramgoolam le sait. A moins qu’il a aussi autre chose en tête. Comme utiliser sa carotte politique favorite : la réforme électorale. Pour Navin Ramgoolam, le moment n’a jamais été aussi propice pour en débattre. Cette carte maîtresse, il l’avait jouée en 2011 également pour réduire l’effet de la démission du MSM sur son gouvernement.

Tags:

You Might also Like