Type to search

Autres Entreprendre

Made in Moris: revalorisation du savoir-faire local

Share
Made in Moris: revalorisation du savoir-faire local | business-magazine.mu

Plus qu’un logo, Made in Moris est un mouvement qui épouse diverses causes, qui engage le patriotisme et qui parle au nom de plusieurs entreprises. Fruit de l’Association of Mauritian Manufacturers, lancée en 2013, le label regroupe aujourd’hui 55 entreprises, représente 165 marques, pour un total de 2 500 produits.

Plus qu’un simple produit portant un logo distinctif sur une étagère, le Made in Moris est aujourd’hui une force de frappe pour les produits locaux, un outil pour faire la différence. Outre de promouvoir les produits de l’île, il revalorise le savoir-faire mauricien.

Mobiliser les fabricants locaux pour booster l’industrie mauricienne, être la voix crédible des industriels au sein des organisations patronales, valoriser les emplois, exploiter à bon escient les talents de l’industrie, mutualiser les bonnes pratiques pour encore plus de compétitivité à l’export et ainsi créer un environnement favorable au développement industriel. Mais aussi promouvoir auprès des autorités l’importance stratégique de la production locale, tout en respectant le cahier des charges de la marque Made in Moris. Autant de lignes directrices et de valeurs qui guident les activités de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM) avec la marque Made in Moris.

Un tremplin pour les adhérents, le label Made in Moris reste surtout un projet conçu sur une notion de pérennité. L’industrie locale représente 55 000 emplois directs et pas loin du double en termes d’emplois indirects ; c’est dire l’influence de cette marque dans le quotidien du Mauricien, qu’il soit employé du secteur ou consommateur. Statistics Mauritius estime à 16,3 % la contribution du secteur manufacturier au PIB en 2015. Pour soutenir ce pilier invisible de la croissance économique, l’AMM se fait le fédérateur du secteur avec le support de ses partenaires et membres.

Les efforts de l’AMM pour promouvoir les produits de l’industrie locale ne sont pas en vain car le label Made in Moris a su gagner la confiance du consommateur mauricien. Selon une étude menée par DCDM, 87,5 % de Mauriciens sont au fait de l’existence du label, desquels 90 % lui font confiance et par ricochet ont confiance dans les produits sous ce label.

Reconnaître la créativité mauricienne

Shirin Gunny-Boisvenu, Brand Manager, et Catherine Gris, Executive Development Officer de l’AMM reviennent sur le parcours du label Made in Moris :«Le parcours du label Made in Moris va au-delà de nos espérances. De là où nous étions, dans une situation qui marquait alors une grande méconnaissance du public vis-à-vis des produits de Maurice, nous avons réussi à capitaliser sur la fierté et la reconnaissance du savoir-faire local. Au départ, l’accueil était mitigé ; aujourd’hui le label est bien accepté.» Une bonne perception qui favorise également l’intérêt des entreprises. «L’intérêt dépasse l’industrie concernée par la production. Nous avons été contactés par l’industrie culturelle, des créateurs de logiciels… Tous ceux qui ont des valeurs enracinées dans ce que j’appelle le mauricianisme sont intéressés», ajoute-t-elle.

Même si au départ le label a été créé pour l’industrie des produits de consommation courante, en regroupant le secteur agroalimentaire et manufacturier depuis l’année dernière, l’AMM a redessiné sa lutte et ses objectifs en accueillant deux nouveaux secteurs, le textile ainsi que le secteur culturel et créatif. Toujours sur le principe que l’union fait la force et face à la demande grandissante dans les deux secteurs, le comité de pilotage de la marque, en collaboration avec la SGS, a mis sur pied un cahier des charges spécifique en prenant en considération la réalité dans ces deux secteurs.

En regroupant sous le même sceau les domaines du textile et du culturel et créatif, ce label s’ouvre aujourd’hui à de nouveaux plans d’action. Pour aider à associer la notion de fierté au label, il est important que le consommateur puis se conjuguer le Made in Moris au quotidien, dans ses achats de tous les jours. Par ailleurs, la diversité des secteurs présents à Maurice est une vraie valeur ajoutée que nous souhaitons mettre en lumière à travers le label. À titre d’exemple, les touristes sont toujours étonnés de voir le nombre de choses que nous produisons sur notre île.

«Au-delà de la qualité et de la confiance que nous souhaitons promouvoir à travers le label, le Made in Moris veut aussi faire reconnaître la créativité mauricienne, celle que l’on retrouve de façon plus concrète dans un produit culturel et créatif – à titre d’exemple et pour notre plus grand bonheur, les courts-métrages de Porteurs d’Images labellisés Made in Moris font le tour du monde ces jours-ci et font parler de notre pays et de l’identité mauricienne, dont celui d’Azim Moollan, ‘Rod Zegwi Dan Pikan’, présenté dans sept pays différents. Vous l’aurez compris, il faut plusieurs ingrédients réunis pour qu’un produit soit labellisé Made in Moris – c’est ce qui fait aussi la force du Label !», fait ressortir Shirin Gunny-Boisvenu.

Outre les avantages comme l’apport en volume des entreprises qui incitent à une meilleure croissance et une productivité renforcée ou encore la valorisation du savoir local, le label est aussi une plateforme de communication mutualisée pour une visibilité accrue sur le marché, une stratégie favorable surtout pour les PME. Pour une demande d’adhésion à l’Association Mauritian of Manufacturers, une grille tarifaire a été mise en place et définie en fonction du chiffre d’affaires. Par exemple, une PME qui brasse moins de Rs 10 millions par an doit payer une cotisation de Rs 6 000.

Avec la disparité grandissante entre les produits locaux et importés, l’AMM est consciente du fait que ce combat ne pourra se mener seul. Le soutien des consommateurs reste un enjeu de taille dans la lutte pour contrer les produits importés. En outre, la reconquête industrielle est un enjeu que défend activement l’AMM. «Les produits locaux sont noyés dans la masse des produits importés. Ils ont du mal à exister. Le déficit de la balance commerciale à Maurice s’est dégradé considérablement et est passé de 10 % de notre PIB à 25 %.C’est un indicateur inquiétant ;c’est non seulement un problème pour les produits mauriciens mais aussi pour le pays ; on paie des gens pour travailler à notre place», déplore Catherine Gris.

Manque de soutien de l’état

Nos interlocutrices  soulèvent un point important : le manque de soutien de l’État. Un obstacle qui s’ajoute aux difficultés auxquelles fait face l’association.

«Le gouvernement reconnaît notre travail à ce jour. Nous avons, certes, une reconnaissance du travail accompli, mais nous en sommes à la troisième année du projet et nous n’avons toujours pas d’aide financière. Des fonds additionnels nous permettraient de développer des stratégies plus ciblées et /ou spécifiques en lien avec les besoins de chacun des quatre secteurs que nous couvrons. À titre d’exemple, une plateforme de formation pour les PME, une vitrine dédiée aux artisans, etc. Une chose est certaine : les idées ne manquent pas. Au-delà d’être un projet fédérateur à intérêt national, le projet Made in Moris a aujourd’hui fait ses preuves et nous sommes persuadées que cette aide ne tardera pas à venir.
Il en va de l’intérêt des tous
», avance Shirin Gunny-Boisvenu.

Toutefois un autre son de cloche se fait entendre dans le discours du Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, dans le cadre des 20 ans de l’AMM. Avec un déficit commercial se hissant aujourd’hui à presque 25 % du PIB – contre 10 % il y a 20 ans – le secteur manufacturier n’a d’autre choix que d’innover pour atteindre les objectifs que le pays s’est fixé. Gardant espoir et foi dans la capacité de l’industrie locale de se repenser et d’émerger à nouveau, le chef de la nation devait aussi annoncer un renforcement du cadre législatif ainsi que des réformes fiscales pour permettre à l’industrie locale de s’épanouir, avec pour objectif qu’elle contribue à 25 % du PIB dans trois ans.

Promouvoir la recherche

«Je souhaite nourrir une culture de recherche, d’innovation et de changement et à ce titre, mon gouvernement est déterminé à mettre en place une politique de taxe équitable qui récompensera les pratiques innovantes et rétablira l’équilibre du marché autour d’une philosophie de fiscalité légère», avait déclaré sir Anerood Jugnauth.

Malgrè son succès sur le marché local, le label ne s’endort pas sur ses lauriers et suit de près les marchés mondiaux pour en dégager les tendances et créneaux porteurs. Ainsi, la marque prend une nouvelle direction et revêt à présent une vocation écologique aussi bien qu’économique en s’ouvrant aux entreprises locales engagées dans le photovoltaïque, de plus en plus consciente des défis énergétiques à venir.

Tags:

You Might also Like