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Penny Hack : « Notre produit financier devient peu à peu invendable »

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Penny Hack : « Notre produit financier devient peu à peu invendable » | business-magazine.mu

Le secteur du Global Business a fait un pas de géant ces vingt dernières années, mais il doit gagner davantage en compétitivité, selon l’avocat d’affaires.

BUSINESSMAG. Le secteur financier a décollé dans les années ‘90 avec l’émergence du secteur offshore. Depuis 1992, la loi régissant le secteur l’offshore a, à maintes reprises, été revue. Quel regard jetez-vous sur ces deux décennies d’opération de l’offshore et de la réputation que le pays s’est bâti en tant que centre financier ?

En vingt ans, le secteur financier a fait un pas de géant. Cela équivaut à la différence de technologie entre une calculatrice et un Smartphone. C’est à peine comparable. Ce succès, on le doit principalement au secteur privé. Malheureusement depuis dix ans, entre le traité Inde-Maurice maladroitement renégocié, le manque de promotion adéquat vers l’Afrique, une surveillance exagérée, des hausses de frais constants imposées par le ministère des Finances et appliquées par la Financial Services Commission (FSC), les autorités n’ont cessé de mettre des bâtons dans les roues.

Avec mérite, le secteur financier a pu bâtir une solide réputation, mais la campagne injuste de dénigrement soutenue par la presse indienne et d’autres concurrents commence à faire de l’effet. Pour la centième fois, Maurice se trouve sur la liste blanche de l’OCDE. Elle est un centre financier international. Elle n’est pas un paradis fiscal ou une « Offshore Jurisdiction ». Après la fermeture du bureau du BoI en Inde, il n’y a eu personne pour nous défendre sur place.

BUSINESSMAG. Jusqu’ici, le traité fiscal Inde-Maurice a été la locomotive du Global Business. On estime encore à ce jour que 43 % des investissements en Inde transitent par notre juridiction. N’empêche, nous sommes appelés à réduire notre exposition et à nous tourner vers l’Afrique et les BRICS. Comment, selon vous, doit se faire cette transition ?

Avec 43 %, on peut toujours parler de locomotive, mais l’incertitude s’est installée. Nous savons que la situation est précaire. Cette voie ferroviaire risque de brusquement fermer ses rails dans quelques années.

Je ne peux pas dire que nos fonctionnaires se sont montrés doués pour renégocier le traité inde-mauricien.

Il est grand temps de réduire notre exposition de l’Inde et de nous tourner vers l’Afrique et les BRICS. Nous sommes déjà en retard. Nous avons un avantage avec l’Afrique. C’est sur le continent qu’il faut commencer. Dans le contexte actuel et avec notre retard, il n’est plus question de transition, mais plutôt de conquête agressive face à nos concurrents. Il faut commencer par notre compétitivité. À cause des frais de licence trop élevés, notre produit financier devient peu à peu invendable. La Financial Services Commission et le Registrar of Companies doivent revoir les frais de licence à la baisse. Je recommande une baisse de 50 %, voire plus. J’aimerais voir raviver la Financial Services Promotion Agency, branche spécialisée du BoI, pour la promotion du secteur financier, avec un budget et des moyens à la hauteur de nos espérances pour conquérir au moins les centres majeurs en Afrique.

S’agissant de la renégociation du traité entre Maurice et l’Afrique du Sud, lequel devrait entrer en vigueur en 2015, le changement le plus notable concerne le traitement de domicile des sociétés qui sera décidé par accord mutuel entre les deux États contractants. Si aucun accord n’est conclu, la société en question ne pourra pas compter sur le traité. La situation est pour le moins incertaine. L’Afrique du Sud est notre porte d’entrée de préférence en Afrique.

BUSINESSMAG. Au premier trimestre, on a enregistré une baisse du nombre de sociétés GB1 de l’ordre de 18 % en comparaison de la même période en 2012. Faut-il y voir un signe d’essoufflement de l’offshore ?

Il faut comprendre et voir plus large car le Global Business est un secteur global, voire mondial. Il ne souffre pas d’essoufflement, mais nous manquons, d’une façon chronique, de compétitivité à la grande joie de nos concurrents.

La FSC et le ministère des Finances viennent le mois dernier d’imposer une hausse conséquente des frais de licence équivalent à 15 % du chiffre d’affaires des opérateurs avant la taxe. La seule question que je me pose est quel sera le pourcentage de baisse dans quelques mois. La FSC se comporte de plus en plus comme un sous-département de la MRA plutôt qu’en régulateur du secteur financier.

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