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Interview Rencontre

Sunil Benimadhu : « Les entreprises ont levé plus de Rs 15 Md en bourse en quatre ans »

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Sunil Benimadhu : « Les entreprises ont levé plus de Rs 15 Md en bourse en quatre ans » | business-magazine.mu

La Bourse de Maurice est de plus en plus utilisée comme un instrument pour lever des fonds, souligne son Chief Executive, Sunil Benimadhu. La crise a mis en lumière la nécessité pour les entreprises de se doter de fonds propres importants pour mieux se protéger des périodes de ralentissement, observe-t-il.

BUSINESSMAG. Comment évolue la bourse depuis le début de l’année ?

Les statistiques sur la performance du marché depuis le début de 2013  jusqu’au 19 juin  indiquent une progression appréciable des indices boursiers. La bonne tenue du marché, dans un contexte économique particulièrement difficile et tenace, est attribuable à une conjugaison de facteurs dont une présence soutenue des investisseurs étrangers, un taux de rendement relativement attrayant sur certaines valeurs cotées, les bons résultats publiés par certaines sociétés à forte capitalisation boursière et un environnement de taux d’intérêts relativement favorable aux placements boursiers. Le Semdex a connu une hausse de 11,58 % depuis le début de 2013, tandis que le Semtri et le Sem-7 ont enregistré une croissance de 12,09 % et de 12,31 % respectivement durant la même période. Plus de 42 % des transactions effectuées durant la période proviennent des investisseurs étrangers dont la participation aux activités boursières en 2013 s’élève, à ce jour, à Rs 4,2 milliards.

BUSINESSMAG. Le scandale des Ponzi Schemes ne vient-il pas démontrer qu’il y a une grande méconnaissance des produits d’investissement à Maurice ?

Je me garderai de définir les Ponzi Schemes qui ont défrayé la chronique à Maurice comme des produits d’investissement car, selon moi, tout produit d’investissement définit au préalable le ou les types de sous-jacent dans lesquels les contributions des investisseurs sont censées être placées. Or, tel n’est pas le cas, me semble-t-il, pour ce qui est des Ponzi Schemes précités. On promettait des retours sur placement faramineux sans aucune référence quelconque aux sous-jacents. Mais, cela dit, je pense que certaines victimes de ces Ponzi Schemes ont démontré une naïveté hallucinante, due peut-être à une méconnaissance des risques liés aux produits offerts, alors que d’autres ont tout simplement été victimes d’une certaine cupidité et avidité pour des gains trop faciles. Il est, donc, clair qu’il y a un travail de sensibilisation à faire pour qu’il n’y ait pas d’autres victimes à l’avenir. L’exercice d’éducation entamé par la Financial Services Commission et la Banque de Maurice va dans ce sens.

BUSINESSMAG. La SEM n’a-t-elle pas, elle aussi, un rôle à jouer dans l’éducation financière de la population ?

La SEM a, certes, un rôle éducationnel, mais celui-ci tend à cibler les opérations et l’investissement boursier et se focalise souvent sur les nouvelles initiatives de la SEM concernant l’introduction de nouveaux produits boursiers ou de nouvelles dispositions réglementaires. À titre d’exemple, nous avons organisé récemment des sessions de formation destinées au grand public pour les sensibiliser sur les caractéristiques des Exchange-Traded Funds (ETF), que nous comptons bientôt introduire en bourse. Un autre exemple concerne les nombreux séminaires et sessions de formation que nous avons organisés ces deux dernières années à l’intention des Management Companies, gestionnaires de fonds et brokers pour expliquer les changements que nous avons apportés au cadre opérationnel et réglementaire pour mieux positionner la SEM comme une plate-forme multidevises compétitive pour coter des Global Fundset des Global Business Companies, ainsi que des  produits structurés.

Nous assurons aussi, depuis plus de vingt ans, la formation des jeunes de 17 ans aux rouages boursiers, à travers le SEM Young Investor Award. Notre site web contient aussi un volet éducatif visant à une meilleure compréhension de l’environnement boursier et des risques associés à l’investissement boursier.

Dans le sillage des scandales récents, il serait peut-être opportun que les institutions offrant différents types de produits financiers ainsi que les institutions régulatrices conjuguent leurs efforts pour venir de l’avant avec une structure solide et étoffée, un Finance Institute qui assurerait, entre autres, des cours de formation intégrée sur les produits financiers.

BUSINESSMAG. La bourse est-elle bien équipée pour détecter les transactions louches et douteuses ?

Avec la sophistication des transactions financières de par le monde, aucun système financier n’est complètement à l’abri de transactions douteuses. Cela dit, il existe des dispositions et mécanismes dans la législation et des règlements qui régissent nos marchés de capitaux pour contenir et éliminer, autant que soit peu, les risques de transactions financières douteuses.

Le Securities Act 2005 contient des dispositions très étendues sur les infractions financières. Le Code (Code on the Prevention of Money Laundering and Terrorist Financing) émis par la FSC à l’intention des opérateurs contient des dispositions spécifiques relatifs aux principes de Know Your Client et à la divulgation de la provenance des fonds qui font l’objet de toute transaction financière.

Les sociétés de Bourse, par exemple, doivent bien connaître l’identité des clients pour lesquels ils effectuent des transactions ainsi que l’origine des fonds utilisés dans les transactions boursières.

BUSINESSMAG. Ces quatre dernières années, la Bourse de Maurice a été utilisée par les sociétés cotées comme un outil pour lever des fonds. Les sociétés locales doivent-elles se financer davantage par le biais de la plate-forme boursière ?

Effectivement, le marché boursier a permis aux entreprises cotées de lever des capitaux à des coûts compétitifs pour financer leur développement et leur expansion.

Durant les quatre dernières années, plus de Rs 15 milliards ont été levées par les compagnies locales et étrangères cotées en Bourse par le biais de nouvelles émissions d’actions, d’émissions d’actions en numéraire ou d’émissions d’obligations.

Toute société bien gérée et ayant des projets porteurs peut facilement se tourner vers la plate-forme boursière pour financer son développement. Il y a beaucoup d’argent à Maurice à la recherche de projets d’investissements intéressants. La crise internationale a aussi souligné l’importance de se doter de fonds propres importants pour mieux se protéger contre des périodes de ralentissement et de contraction économique.  Il est, donc, important aux sociétés locales de consolider leurs fonds propres par le biais de la plate-forme boursière.

BUSINESSMAG. La SEM a pris de nombreuses initiatives ces dernières années pour donner une nouvelle orientation à ses activités. Quels en sont les contours ?

Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre de notre stratégie d’internationalisation de notre plate-forme boursière. Nous avons  apporté des changements en profondeur au niveau des règlements (Listing Rules), afin de les rendre plus adaptés et flexibles à la cotation d’un large éventail de produits, notamment des fonds globaux, des fonds spécialisés ainsi que des sociétés internationales. Un nouveau chapitre a  été introduit dans les Listing Rules pour attirer la cotation des sociétés du Global Business, disposant d’une licence de catégorie 1, ainsi que des titres de créance destinés à des investisseurs institutionnels (Specialist Debt Instruments).

Pour aligner sa stratégie de croissance avec la stratégie nationale de positionnement de Maurice comme une plate-forme de services pour l'Afrique, la SEM a introduit des règles pour la cotation des sociétés minières, des sociétés d’exploration ainsi que des règles pour les DepositaryReceipts ciblant les émetteurs africains qui souhaitent lever des capitaux auprès des investisseurs internationaux.

L’introduction d’une plate-forme multidevises par la SEM et le CDS, qui permet aux émetteurs de faire coter leurs titres en USD, euro, GBP et ZAR, nous donne une nouvelle dimension dans notre démarche d’internationaliser notre plate-forme boursière. Finalement, nous travaillons étroitement avec la FSC en vue d’introduire prochainement la négociation des Exchange-Traded Funds.

BUSINESSMAG. Vous parlez souvent de la nécessité d’établir une synergie entre la bourse et le secteur du Global Business. Pourquoi cela est-il nécessaire ?

Il est évident que l’avenir de notre secteur financier est tributaire de notre capacité à monter en gamme en matière de produits et services offerts. Pour ce faire, je suis convaincu qu’il nous faut poursuivre une approche intégrée du développement de notre secteur financier qui repose sur notre capacité à dégager des synergies conséquentes entre le secteur du Global Business, le marché bousier, le secteur bancaire, le Fund Management Businesset j’en passe. À titre d’exemple, si nous arrivons à utiliser, ne serait-ce qu’une partie des fonds internationaux qui transitent par le Global Business Sector pour financer les besoins en capitaux longs des Global Business Companies et autres sociétés cotées en bourse qui investissent en Afrique ou ailleurs, nous serons en mesure de vendre Maurice comme une Capital-raising and funding platform et comme un one-stop shop attrayant et compétitif pour la structuration des sociétés, pour la levée des fonds pour ces sociétés, leur cotation, etc. Nous serons, ensuite, en mesure de développer les activités liées à l’Investment Banking et faire de Maurice une plate-forme financière internationale de renom. Ce que je vous ai décrit est ce que font Hong-Kong et Singapour depuis belle lurette. Si Maurice veut avoir sa place sur la liste des centres financiers qui rayonnent, elle doit se positionner comme une Capital-raising platform et vous verrez que d’autres types d’activités viendront s’y greffer.

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