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José Hitié : un businessman qui vit pour le bois

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José Hitié : un businessman  qui vit pour le bois | business-magazine.mu

Bûcheur infatigable, perfectionniste dans l’âme ayant le souci du détail, José Hitié, Managing Director de Société Indigène, de Touch Wood et de Touch Wood (International) vit depuis plus de trente ans une histoire d’amour avec le bois qui a su le porter au sommet.

José Hitié est né en 1950 d’un père artisan et d’une mère couturière. Il est l’aîné de la famille et grandit sur la propriété sucrière de Rose-Belle. « C’était simple et modeste, mais j’étais heureux », se remémore-t-il. Enfant brillant, il survole avec aisance sa scolarité primaire et est admis au collège Royal de Curepipe. De cette période de sa vie, il s’en dira fier, d’autant plus qu’il n’a « jamais causé d’ennuis à mes parents ».

Étant donné que son père est artisan, José Hitié obtient, après ses études secondaires, une bourse pour poursuivre des études tertiaires à l’Université de Maurice en Technologie sucrière. À l’époque, c’était le Collège de l’Agriculture et José Hitié faisait partie des étudiants de la première promotion de l’Université de Maurice à obtenir leurs licences. Après l’université, il rejoint l’industrie sucrière et prend de l’emploi à Britannia où il occupe les fonctions de chimiste.

Quelque temps après, il décide de rejoindre la propriété sucrière de Savannah. « L’usine de Savannah était réglée comme une horloge. Elle ne tombait jamais en panne. Je me sentais un peu inutile. Ce n’était pas de la frustration, mais je me suis dit que je ne pouvais toute ma vie suivre ce qui était déjà bien fait ». Il quitta alors Savannah pour rejoindre la Mauritius Chemical and Fertilizer Industry (MCFI) et il y restera pendant deux ans. « C’était une belle aventure car l’usine venait de se lancer et j’ai surtout appris l’Ownership Principle du directeur de l’usine qui était de nationalité américaine », relate-t-il. 

À la MCFI, José Hitié travaillait selon un système de rotation : ce qui fait que quand il terminait très tôt le matin, il rentrait se reposer et après il partait suivre un cours à temps partiel à l’Université de Maurice pour l’obtention d’un DSAE (Diplôme Supérieur en Administration des Entreprises). « Cela m’a beaucoup aidé. L’Ecole de l’Agriculture m’a donné un bagage technique et le DSAE est venu m’apporter des compétences en marketing et en administration », dit-il.

Son DSAE en poche, il est embauché par la compagnie Grewals. Nous sommes en 1976 et il avait alors 26 ans. « Je ne connaissais alors absolument rien au bois, pas même le nom d’une essence de bois ! Et cela m’a bien évidemment un peu effrayé », avoue-t-il avec le sourire. Et c’est non sans nostalgie qu’il ajoute : « Cela fait 36 ans que je suis dans le bois, c’est l’aspect de ma vie qui est resté le plus constant. »

Homme de ressources, José Hitié entreprend de relever le challenge en dépit de son manque total de connaissances en matière de bois. « Quand je suis arrivé dans l’entreprise, il y avait à côté du cimetière, un parc à grumes rempli de bois qui était là après le cyclone Gervaise. Il fallait convertir ces bois-là et surtout apprendre vite et la meilleure façon d’apprendre était de le faire auprès de ceux qui était là avant moi. Apprendre avec les autres est également un art que j’ai développé », relate-t-il.

Et Grewals de par les clauses de son contrat était obligée de prendre toutes les grumes de pin que le gouvernement avait à lui donner. « C’était un couteau à double tranchant car soit il y en avait trop peu, soit il y en avait trop. Et après Gervaise, il y avait bien évidemment trop. Le stock était alors trop abondant et on m’a demandé de le baisser de Rs 100 000 mensuellement. J’ai pris la voiture et j’ai été voir les petites scieries et j’ai commencé à vendre les grumes. Et c’est ce qui m’a fait décoller », dit-il.

José Hitié quitte Grewals en 1994 et crée Touch Wood en 1996. Entre-temps, Varangue sur Morne voit le jour. Varangue sur Morne est née du besoin d’espace de José Hitié. C’est sa passion pour le bois qui le poussera à acheter ce terrain, au milieu de nulle part. Un terrain comprenant une vieille maison de garde-chasse abandonnée. L’idée première n’a jamais été d’en faire un restaurant. Elle germera d’une rencontre fortuite avec des touristes, qui en faisant la route de Plaine Champagne, s’arrêteront devant sa porte. « En bon mauricien, je leur offrais un verre de vin, et ils sont partis avec le verre. Cela a été un déclic : ma maison de campagne se retrouve ainsi transformée en restaurant, sans étude de marché et avec de sérieuses mises en garde de mon banquier ». 

Varangue sur Morne débutera donc à la façon d’une maison, avec une cuisine de 4 mètres carrés, une passe minuscule, une varangue de 80 couverts et des bases très rudimentaires. « Je me souviens qu’avec insistance et plusieurs essais, j’ai pu convaincre Emtel qu’on pouvait capter leur réseau. D’ailleurs, le poteau souvenir, est toujours là… Quand je suis à Varangue sur Morne, je vis dans les bois, et au sein de Touchwood, je vis pour le bois et par le bois », ajoute-t-il.

Son amour et sa passion pour le bois l’amènent à créer Le musée Touche-du-Bois en 2006.  « C’est un peu une consécration dans le sens que le bois a beaucoup fait pour moi. Touche-du-Bois tente de redonner valeur et importance au bois », dit-il.

José Hitié vit aujourd’hui pleinement son amour pour le bois. D’ailleurs, c’est au milieu des bois à Plaine Champagne qu’il a planté sa tente. Celle-ci est en bois, évidemment.

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