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Édito

Brexit : les gagnants et les perdants

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Brexit : les gagnants et les perdants | business-magazine.mu

Même la Première ministre, Theresa May, qui vient de vivre un véritable cauchemar en ce mois d’avril, ne sait plus à quel saint se vouer. En attendant de trouver une issue à ce feuilleton interminable, les études menées par les instituts de recherches continuent de braquer lesprojecteurs sur les retombées de cet éventuel divorce.

La dernière analyse sur le Brexit porte la griffe de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED). L’agence onusienne y décortique les implications pour les pays en développement. Dans un rapport publié la semaine dernière, elle relève que ce sont les petites économies qui pâtiront le plus d’une sortie sans accord du Royaume-Uni de l’UE.

En revanche, les grands gagnants ne sont pas difficiles à identifier. Selon la CNUCED, la Chine et les États-Unis seront en première ligne pour tirer avantage d’un retrait sans accord de l’UE. Les analystes de l’institution des Nations unies évaluent à quelque $10,2 milliards les exportations additionnelles de l’Empire du Milieu vers Londres. Le même calcul pour le pays de l’Oncle Sam porte le chiffre à $5,3 milliards.

Avec les tergiversations de ces derniers mois – qui ont d’ailleurs contraint Theresa May à changer son fusil d’épaule, passant de championne du hard Brexit en octobre 2016 à promotrice d’un Brexit plus soft en juillet de l’année dernière –, le scénario évoqué par la CNUCED nous pend effectivement au nez. Car il implique que sans accord, les partenaires commerciaux actuels du Royaume-Uni ne seront pas protégés, ouvrant ainsi la voie à une plus grande compétitivité des grandes puissances. Il incombe donc aux pays souhaitant conserver leurs conditions d’accès favorables au marché britannique au moyen de régimes préférentiels d’engager rapidement des négociations avec le Royaume-Uni.

C’est d’ailleurs ce qu’a fait Maurice. L’accord commercial signé le 22 janvier dernier garantira un accès préférentiel des produits mauriciens sur le marché britannique dans l’éventualité d’un Brexit. Donc, contrairement à certains pays africains – une vingtaine d’entre eux pourraient faire les frais d’un départ des Britanniques avec des pertes totalisant $420 millions –, Maurice, à l’instar de l’Afrique du Sud et du Botswana, a pris les devants pour assurer ses arrières. La

CNUCED établit les gains de Maurice dans le cas d’un no-deal à $220 millions tandis que nos voisins sud-africains en récolteront plus de $3 milliards en termes d’exportations.

Pour autant, cela ne nous met pas à l’abri. La preuve : l’export mauricien tente toujours de s’ajuster aux remous provoqués par le vote en faveur du leave. Après les années 2016 et 2017, qui ont marqué au fer rouge les exportateurs locaux, les données disponibles révèlent des cicatrices profondes dans l’industrie de l’exportation. Celles-ci ne sont pas près de se refermer bien que la CNUCED nous place dans la catégorie des éventuels bénéficiaires d’un no-deal.

Pour se rendre à l’évidence, il n’y a qu’à parcourir les zones industrielles de l’île. Il est donc dans notre intérêt de tout mettre en œuvre pour non seulement accélérer mais aussi approfondir la diversification de nos marchés d’exportation. La question est comment car ce travail requiert une full time attention. Or, un vrai chef de la diplomatie n’a pas encore été désigné depuis que l’ancien titulaire s’est retiré dans sa «cave» !

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