Type to search

Interview Rencontre

Il y aura des opportunités à saisir avec le Brexit – Chris Grove (Head of Transaction Services, BDO London)

Share

Quelle est la raison de votre visite à BDO Solutions ?

 formation car une partie de l’effectif mauricien travaille avec mon équipe basée en Angleterre. Elle était d’ailleurs chez nous pour une session de formation, pendant laquelle elle a rencontré nos collaborateurs avant de revenir ici à Maurice pour constituer une équipe plus grande. Nous avons gardé contact car le volume de travail venant du Royaume-Uni a augmenté.

Cela veut-il dire que BDO Solutions aura désormais une plus grande collaboration avec BDO London ?

Nous l’espérons bien. Nous travaillons avec BDO Solutions, avec Yuttam Joysurree, qui en est le Managing Partner, et son équipe depuis un peu plus de trois ans. Notre équipe de global outsourcing au RoyaumeUni a voulu mobiliser et tirer parti des ressources et des compétences des firmes BDO à travers le monde. De nouvelles personnes ont rejoint l’équipe et nous voulons les former le plus tôt possible. C’est aussi pour accroître les compétences de l’équipe afin qu’elle puisse continuellement améliorer le niveau de service. Nous voulons aussi élargir l’éventail d’activités qu’elle a avec nous, ce qui évidemment nous permet de canaliser plus de travail du Royaume-Uni vers Maurice. À l’international, des firmes des États-Unis, de l’Australie commencent à voir le travail que nous abattons et cherchent de plus en plus à travailler avec l’équipe de Maurice. D’ailleurs, nous faisons beaucoup de travail ici pour le compte de firmes américaines. L’opportunité est là, et nous devons continuer d’agrandir l’équipe mauricienne, dont le travail est de plus en plus reconnu.

Quel est l’intérêt de l’équipe mauricienne pour BDO London ?

Nous cherchions initialement une base avec des coûts plus bas comme le marché en Angleterre devenait très compétitif. Réduire les coûts allait nous être bénéfique mais depuis quelque temps, l’autre bénéfice, outre la réduction des coûts, est que nous pouvons aussi libérer des ressources. En effet, il y a beaucoup de travail dans le corporate finance, et la possibilité de pouvoir délocaliser une partie de ce travail nous permet de prendre plus de jobs. Désormais, l’accent n’est plus sur la réduction des coûts mais plus sur la flexibilité des ressources, qui nous a également permis de garder nos coûts bas.

Le Brexit fait l’actualité en Angleterre. Quel en est l’impact sur BDO London et ses activités ? 

Il n’y a pas encore d’impact sur nos activités. Le plus grand challenge en ce moment, c’est l’incertitude qu’il y a autour du Brexit. Il y a un grand débat politique au Parlement, et c’est très difficile de distinguer les tactiques du terrain de jeu politique des véritables enjeux autour du Brexit. Tout le monde a un agenda différent et je crois que pour l’instant, les gens dans le monde des affaires sont quasiment en train d’ignorer ce qui se passe sur le plan politique et continuent avec les affaires.

Diriez-vous donc que c’est du ‘business as usual’ ?

Pas tout à fait, mais on n’en est pas loin. Je crois que cette incertitude, quant à savoir si le Royaume-Uni va ou non quitter l’Europe, peut créer une période de hiatus où les transactions vont ralentir parce que les gens vont attendre de voir ce qui va se passer. Cela pourrait faire que le business soit impacté mais en ce moment nous sommes encore bien occupés. Ce qu’il faut aussi retenir, c’est que tout ce qui se passe sur les plans économique et politique à travers le monde, avec l’internationalisation des affaires, impacte aussi le Royaume-Uni, pas seulement le Brexit. Je pense là à ce qui se passe aux États-Unis avec Trump, les guerres au Moyen-Orient et l’impact sur le prix du pétrole, l’Europe de l’Est et la Russie qui a désormais le contrôle du gaz qui entre en Europe et toutes sortes d’enjeux géopolitiques.

Des sociétés délaissent néanmoins la City et repositionnent leurs business ailleurs…

Oui, c’est le genre de scenario qu’on s’attend à voir. Mais quitteront-elles vraiment Londres ? Il y a certes l’élément hedging où on veut réduire les risques, mais je crois que la gravité autour de l’industrie financière à Londres est tellement forte qu’il faudrait probablement quelque chose de plus dramatique que le Brexit pour les faire partir.

Vous avez donc une perspective plutôt positive de l’effet que le Brexit pourrait avoir sur les affaires ?

Si, par exemple, une des conséquences, que nous partions ou restions, est que la livre sterling soit dévaluée, les actifs au Royaume-Uni vont coûter moins cher. Certaines types de transactions pourraient cesser alors que d’autres pourraient être lancées. Les États-Unis pourraient à nouveau considérer le RoyaumeUni parce que la livre aurait dévalué par rapport au dollar. La seule chose dont on puisse être sûr, c’est qu’il y aura des changements et que si vous êtes suffisamment flexible et réagissez rapidement à ces changements, il y aura aussi des opportunités à saisir.

Parlant d’opportunités, comment Maurice peut-il bénéficier de ces changements qui ont lieu, comme les compagnies qui quittent la City ? 

Je ne suis pas sûr que Maurice puisse bénéficier du départ de compagnies de Londres. Les opportunités pour moi se trouvent ailleurs, dans l’évolution. Il s’agit d’approfondir l’éventail et la qualité des services que vous offrez.

Comment ?

Il y a dix ans, beaucoup de services d’externalisation offerts à travers des hubs comme Maurice étaient largement déterminés seulement par le coût. D’autres ‘players’ sont depuis entrés sur ce marché : la Chine, l’Inde et les pays d’Europe de l’Est sont très compétitifs. Le challenge est de continuer à offrir ce bénéfice du coût avec la qualité mais tout en visant à offrir des compétences et des services en plus par rapport à ces nouveaux compétiteurs. On parle ici de technologie perturbatrice, de traitement robotisé dans l’externalisation. Si Maurice continue d’aller audelà de l’offre low-cost et d’offrir des solutions en technologie, il restera en tête de la compétition.

N’est-ce pas quelque chose que Maurice fait déjà ?

Il y a des domaines où cela a commencé à Maurice, mais le challenge sera à quelle vitesse cela se fait car il y a des poches avec des personnes hautement qualifiées sur le plan technique dans le domaine, notamment en Ukraine et en Pologne. Même si ce n’est pas aussi low-cost que Maurice, l’Europe de l’Est offre la technologie en plus du coût. Si Maurice n’enrichit pas son offre avec de la technologie, il se fera dépasser car ces autres pays seront plus attrayants comme destination d’externalisation. Les recherches ont montré que le marché total de l’externalisation au niveau mondial était estimé à 26 milliards de dollars en 2017 et pour 2020, il devrait passer à 262 milliards de dollars. Si Maurice arrive à ne capter qu’un pourcent de ce marché, ce serait une croissance massive et c’est le challenge que nous voulons relever avec l’équipe de Maurice.

Tags:

You Might also Like